La reprise française a été interrompue en 2011 par deux événements successifs : le gonflement des cours des matières premières et la crise financière européenne. Le premier choc commençait à être surmonté quand les difficultés de financement d’un nombre croissant d’États et l’incapacité des autorités européennes à y faire face ont suscité un comportement de plus en plus méfiant des agents économiques.
Contre toute attente, cependant, la croissance du PIB, en volume s’est établie en première estimation à +0,2% au quatrième trimestre 2011, soit +0,8% en rythme annuel, après +1,2% l’an au troisième trimestre. En moyenne annuelle, la croissance ressort à +1,7% en 2011, après +1,4% en 2010. La perte du triple A et la morosité du climat des affaires ne conduisent pas les industriels à retarder leurs investissements. Au quatrième trimestre la FBCF des entreprises non financières a progressé en volume de +5,7% l’an et, sur l’ensemble de l’année 2011, elle a augmenté de +4,2%. Dans l’industrie manufacturière, les chefs d’entreprise prévoient une hausse de +7% en 2012 après une progression qu’ils estiment à +10% en 2011. Le message envoyé par les industriels est rassurant en dépit de ce climat des affaires.
Source : Confédération Nationale du Crédit Mutuel
Le mouvement baissier touche toutes les branches, à l’exception du bâtiment. La production industrielle a baissé de ‑1,4% en décembre et de ‑1,3% en un an, mais en moyenne, la production manufacturière a augmenté de +3,8%. Par ailleurs, le commerce de détail enregistre une forte dégradation et la situation est préoccupante dans les services. Suivant ces tendances, l’indice de confiance des ménages reste nettement inférieur à sa moyenne de longue période, même s’il a augmenté légèrement en janvier.
La consommation de produits manufacturés a baissé de ‑0,7% en décembre avec un marché automobile qui a poursuivi son redressement. L’année 2011 se conclut par un recul de ‑0,5% en moyenne, après une progression de +1,4% en 2010. Le dynamisme de la demande de services a cependant permis d’obtenir une augmentation de la consommation totale de +0,3% après +1,3% l’année précédente. En janvier, les immatriculations de voitures ont reculé de 19%, tombant à 1,8 million en rythme annuel, ce qui annonce un repli des dépenses en début d’année. Les ménages tentent de contracter moins de crédits à la consommation (hors découverts) dont la production a augmenté de 49,6 milliards d’€uros contre 50,9 milliards en 2010.
Avec l’affaiblissement de la demande interne, le déficit commercial continue de se replier. Il reste cependant élevé, à près de 60 milliards d’€uros en rythme annualisé sur les trois derniers mois connus en décembre. Sur l’année, le déficit s’est élevé à 69,6 milliards d’€uros, contre 51,5 milliards en 2010. Entre la fin des années 1990 et 2011, la part des exportations françaises de marchandises dans les échanges mondiaux a reculé de 5,7% à 3,3%. Dans les exportations totales de la zone €uro, la part des exportations françaises a diminué de 16,8% à 12,6%, mais le rythme de baisse est un peu moins marqué au cours des dernières années. La perte tendancielle de compétitivité française à l’exportation s’est traduite par une contraction relative de notre base industrielle. Aussi, le nombre de chômeurs a augmenté de 5,6% en 2011. La France (hors DOM) compte 2.874.500 demandeurs d’emploi, environ 9,3% de la population active et 9,9% y compris les DOM.
Source : Insee
Dans le secteur du bâtiment, la construction résidentielle résiste avec des mises en chantier qui ressortent en moyenne à 490.000 l’an sur les trois derniers mois connus en décembre et des permis qui s’affichent à 590.000 l’an, s’approchant des records de 2006-2007. Or, la demande de crédit à l’habitat a fléchi. La production de nouveaux crédits s’est élevée à 143,9 milliards d’€uros en 2011, contre 157,9 milliards en 2010, avec un pic à 176,8 milliards en mai 2011. La hausse des taux à 3,97% en décembre, au lieu de 3,41% un an auparavant, pour les emprunts supérieurs à un an, la diminution annoncée des dispositifs incitatifs et un resserrement, certes limité, des critères d’octroi, pourraient ralentir les ventes de logements en 2012, sauf si les ménages puisaient dans leur épargne, compte tenu du durcissement de la fiscalité correspondante.